81.

Avant de franchir la porte basse au bout de la crypte, Ari jeta un coup d’œil derrière lui. Le silence régnait encore. Visiblement, personne n’avait remarqué son entrée dans les sous-sols de l’église.

Il prit une bougie à côté de lui puis poussa la petite porte. Elle donnait sur un second escalier, plus rudimentaire et plus sombre, qui s’enfonçait tout droit dans les entrailles de la ville.

Ari descendit les premières marches et, cette fois, sortit son arme de son holster. Une source de lumière inondait le corridor.

Une fois en bas, il constata que le couloir partait des deux côtés. Vers l’ouest, il disparaissait dans l’obscurité. Mais vers l’est, de vieilles ampoules étaient allumées jusqu’à une bifurcation, à une vingtaine de mètres.

Ari opta pour la lumière et se mit en route vers l’est, l’arme au poing.

Des vieux tuyaux usés et des gaines couraient le long du plafond irrégulier. À mesure qu’il avançait, l’air se faisait plus humide. Des perles d’eau apparaissaient sur les pierres ocre des murs et on entendait tomber des gouttes dans des petites flaques. Le sol en terre battu était détrempé. Ses pas résonnaient dans le couloir. Il continua son avancée, prudent. Quelques-unes des nombreuses ampoules ne marchaient plus et son chemin n’était que partiellement éclairé.

Ari arriva en vue de la bifurcation. Il ralentit son pas et se colla contre le mur de droite pour ouvrir son angle de vision. Il vérifia son arme avant de jeter un coup d’œil au-delà du mur. Personne. Le couloir se poursuivait sur quelques mètres et s’arrêtait devant une porte métallique.

L’analyste s’engagea à gauche et alors qu’il était à mi-chemin, il crut entendre des bruits qui venaient de l’autre côté. Des frottements, des petits claquements qui résonnaient comme dans un hall immense. Il y avait quelqu’un.

Ari franchit les derniers mètres en silence et se posta à côté de la grande porte de métal, le dos plaqué contre le mur. Il resta quelques secondes sans bouger, pour rassembler ses forces et son courage, puis il poussa doucement la poignée.

La pièce de l’autre côté était plongée dans l’obscurité totale. L’écho de l’ouverture de la porte avait duré si longtemps qu’Ari en déduit qu’il s’agissait d’une vaste salle, au plafond sans doute élevé. Il se glissa dans l’entrebâillement et pénétra à l’intérieur, toujours sur ses gardes.

Impossible d’explorer les lieux sans lumière. Il devait y avoir un interrupteur quelque part. Le cœur battant, Ari prit la bougie dans la poche de son manteau et l’alluma sans lâcher son arme.

À peine la mèche se fut-elle embrasée qu’il reçut un choc violent sur la nuque.

Ari fut projeté en avant et se heurta le front contre un pilier en métal. Déséquilibré, il s’étala de tout son long dans la terre humide.

Groggy, il mit quelques secondes à reprendre ses esprits. Sa vue, toutefois, s’éclaircit juste à temps pour qu’il aperçoive la silhouette de la grande blonde se découper dans la lumière qui venait du couloir. Dressée au-dessus de lui, elle tenait dans ses mains ce qui ressemblait à un morceau de tuyau de plomberie. Elle l’abattit aussitôt de toutes ses forces, comme une massue. Ari roula sur le côté un centième de seconde avant de recevoir la barre en plein front. Il recula rapidement dans l’ombre pour se mettre à l’abri, puis il passa ses mains sur le sol autour de lui dans l’espoir de retrouver son arme, qu’il avait perdue en tombant. Mais ses doigts ne trouvèrent que la terre mouillée. Son magnum devait avoir glissé plus loin.

Il vit alors la femme faire quelques pas en arrière, vers l’entrée. Puis il y eut un grand claquement et la pièce s’illumina d’un coup.

Ari, encore sonné, se releva péniblement. Du sang coulait le long de sa nuque, jusque dans son dos. Il découvrit la salle à présent éclairée.

C’était un grand espace rond, comme un amphithéâtre, au plafond voûté, creusé à même la pierre. Au centre, un socle ancien, monté de pierres brutes, fort abîmé, semblait avoir jadis accueilli une large structure. Ari supposa qu’il avait dû s’agir du fameux mécanisme inventé par Michel-Ange pour la Fontaine de la Providence. Si c’était le cas, ils devaient donc se situer juste en dessous du parvis. De nombreux étais rouillés soutenaient par endroits le plafond délabré. Ici et là, des pierres étaient tombées, enfoncées dans le sol humide. Le réseau électrique, installé après la guerre, était lui aussi très détérioré. Quelques vieilles ampoules fonctionnaient encore, fixées en haut des murs, et diffusaient dans la pièce une lumière blanche d’hôpital. Par moments, les ampoules grésillaient et leur intensité se mettait à baisser.

Ari chercha son revolver du regard, en vain. Il y avait de nombreux débris par terre, des flaques d’eau, des pierres.

En se frottant la nuque, il toisa la femme qui l’observait en souriant à quelques mètres de lui, tenant son tuyau de plomb dans la main droite.

Pour la première fois il put voir clairement son visage, ses traits fins, délicats, ses grands yeux bleus. Sa chevelure blond platine tombait, lisse, sur ses épaules et son dos. Grande, elle avait les épaules larges et un corps de gymnaste.

Rien, au premier abord, ne laissait imaginer qu’elle pût être cette meurtrière sanguinaire. Mais Ari ne se laissa pas abuser. Il y avait dans son regard quelque chose qui ne trompait pas. Une étincelle étrange. Cette femme était une tueuse.

— Vous n’êtes pas croyable, Ari ! Vous débarquez quelques minutes trop tôt, comme toujours.

Tout en parlant de sa voix suave, elle jouait avec le lourd tuyau dans ses mains.

— Mais au fond, j’ai de plus en plus d’admiration pour vous. J’aurais préféré vous affronter une fois mon travail achevé, bien sûr, mais je crois qu’on ne peut plus reculer, n’est-ce pas ?

Ari ne répondit pas. Il n’avait rien pour se défendre. En essayant de maintenir la distance qui le séparait d’elle, il fit quelques pas de côté pour trouver lui aussi une barre de fer ou quelque chose de similaire.

La femme le laissa faire, immobile, comme si elle avait deviné ce qu’il cherchait et qu’elle acceptait un duel à armes égales.

— Si vous saviez à quel point nous nous ressemblons, Ari, vous comprendriez peut-être l’importance du combat que nous allons maintenant nous livrer. Comprenez bien : nous nous battons pour les autres, Ari, pas pour nous.

L’analyste, ne voyant rien à proximité qui aurait pu lui servir d’arme, fit quelques pas en arrière et tira de toutes ses forces sur le plus petit étai qu’il avait repéré. La grande barre de fer se dégagea facilement, entraînant la chute de pierres à côté de lui dans un nuage de poussière.

Ari se saisit à deux mains de son arme de fortune. L’étai était lourd et peu maniable, mais c’était mieux que de se battre à mains nues.

— Je vous l’ai dit l’autre jour, Ari. Vous êtes un ange de lumière et je suis un ange des ténèbres. Nous sommes le yin et le yang, vous et moi.

Ari se mit en mouvement en feignant d’ignorer les inepties de son adversaire.

— Je connais mieux votre vie que vous ne le pensez. Nous avons le même âge et nos destins se croisent. C’était écrit, Ari. Tout cela était écrit. Il n’y a pas de hasard. Tenez, par exemple… Vous avez perdu votre mère très jeune ; j’ai perdu mon père à peu près au même moment. Votre mère, mon père. Masculin et féminin. Vous comprenez ?

Ari voulut s’approcher d’elle, mais il dut s’arrêter après deux pas. La tête lui tournait.

— Hier, ma mère est morte, Ari. Dites-moi : vous avez des nouvelles de votre père ?

Mackenzie resta muet. Il refusait d’entrer dans son jeu. Il savait qu’il devait plutôt se ressaisir et se concentrer. Cette femme n’avait raison que sur un point : l’heure était venue de mettre un terme à cette histoire.

— Votre nom, en arménien, signifie « courageux », n’est-ce pas ? continua-t-elle. Je crois que vous l’êtes, Ari. Courageux. Mon prénom à moi, Lamia, est d’origine grecque. Il signifie « vorace »… Amusant, n’est-ce pas ? Et vous pensez toujours que nous sommes ici par hasard ?

— Non, Lamia. Je ne suis pas ici par hasard, répondit-il enfin en marchant vers elle.

La grande blonde releva le tuyau par-dessus son épaule et se mit à avancer elle aussi, acceptant le combat.

Quand ils furent enfin à distance, Ari frappa le premier, pressé d’en finir. Avec une dextérité surprenante, Lamia para le coup et repoussa la lourde barre de fer d’Ari vers le sol.

— Vous me sous-estimez, Ari. Vous pensez peut-être qu’une femme ne sait pas se battre ?

Elle remonta alors son arme vers la tête d’Ari, d’un geste aussi violent que précis, qui recula d’un bond et évita l’assaut de justesse. Il riposta aussitôt, mais il ne put prendre assez d’élan pour porter un coup puissant. L’étai atteignit malgré tout la femme en pleine hanche. Elle fit un pas en arrière en grimaçant, surprise, puis elle se redressa et releva son arme. Le sourire avait disparu de son visage.

Les deux adversaires se tournèrent autour comme deux combattants dans une arène, les yeux dans les yeux, puis Ari porta une nouvelle charge. Le poids de son étai ralentissait ses gestes et la femme évita le coup. Il dut alors parer une contre-attaque et reculer d’un pas. Lamia en profita pour frapper à nouveau, deux, trois fois de suite. Les coups étaient de plus en plus forts et le choc heurtait chaque fois les paumes d’Ari sans lui laisser le temps de porter à son tour un assaut. Il ne cessait de reculer, toujours sur la défensive.

Lamia retrouva son sourire et lui accorda un instant de répit.

— Ce que j’admire chez vous, Ari, c’est que vous ne savez pas pour quoi vous vous battez. Vous n’en avez pas conscience. Mais c’est aussi pour cela que vous allez perdre. Votre combat manque de sens. On est plus fort quand on a une cause.

Elle s’avança, arma son coup et envoya une attaque circulaire vers la nuque de Mackenzie. Celui-ci se baissa et balança son étai vers les jambes de son ennemie. Lamia reçut la barre en plein genou droit. Il y eut un craquement sec. La femme poussa un hurlement de douleur et s’écroula sur le sol.

Sans hésiter, Ari se précipita vers elle. Il prit son étai à deux mains pour lui écraser le cou, mais alors qu’il s’apprêtait à lui tomber dessus, Lamia lui envoya une poignée de terre au visage. Aveuglé, Ari perdit l’équilibre et se retrouva à son tour au sol.

Il se frotta les yeux, et avant de pouvoir se relever il sentit un coup violent dans son dos. Lamia s’était redressée derrière lui et venait d’abattre le tuyau sur sa colonne vertébrale.

Ari poussa un grognement et s’écrasa par terre. Il roula sur le côté, para un nouvel assaut, puis recula tant bien que mal pour se mettre hors de portée.

Lamia, le genou défoncé, boitillait sur place. Mu par la rage, Ari se releva et se jeta à nouveau sur elle. Il porta un coup plus violent encore, en direction de son visage cette fois. Lamia parvint à esquiver et l’arme d’Ari heurta de plein fouet un autre étai, lequel se débloqua dans un vacarme assourdissant. Une à une, les pierres qu’il retenait au plafond s’écroulèrent.

Ari recula d’un pas et vit son adversaire s’écarter en traînant la jambe. Il resserra sa prise sur son arme et bondit vers elle. Le bout de l’étai atteignit la femme au sternum. Lamia fut projetée en arrière et Ari, abandonnant son arme, la saisit à la gorge avant qu’elle ne puisse se défendre. Il commença à l’étrangler tout en essayant de la maintenir au sol avec les genoux. Le visage de Lamia s’empourpra, les yeux exorbités. Ari serra de plus en plus fort, le regard empli de haine. La femme se débattait, s’arc-boutait, mais il parvint à la maintenir sous lui. Puis soudain, elle tendit le bras sur le côté, attrapa une pierre et frappa Ari en pleine tempe.

Mackenzie s’écroula sur le côté, abasourdi. Allongé sur le ventre, il était encore conscient mais tellement sonné par le choc qu’il n’arrivait plus à trouver la force de se relever ni même de se retourner. C’était comme si un poids immense le maintenait cloué au sol.

Pendant ce temps-là, Lamia s’écarta en suffoquant, se tenant la gorge des deux mains. Elle fit quelques pas en claudiquant, puis Ari, encore paralysé, l’entendit ramasser l’étai. La barre de métal frotta par terre. Et elle se rapprocha.

S’il ne réagissait pas tout de suite, c’en était fini. Elle allait lui défoncer le crâne.

Ari sentit le rythme de son cœur s’accélérer et ses muscles se raidir. Survivre. Il n’avait pas le droit de perdre. Se lever. Il devait se battre. Chercher au fond de lui la dernière goutte d’énergie et se battre. Pour Lola.

Lamia se trompait : il avait bien une cause, une raison de vaincre. Et c’était cette libraire qu’il voulait revoir, qu’il voulait serrer dans ses bras parce qu’elle était le dernier sens qui restait à sa vie.

Ari serra les dents, rassembla son courage et poussa de toutes ses forces sur ses bras pour tenter de se retourner. Il crut qu’il ne pourrait jamais y arriver. Mais il força encore. Et enfin il parvint à rouler sur le côté et à faire face à son assaillante.

Tout se déroula en une seconde, un éclair. Il vit l’étai s’abattre sur lui, lourd et droit comme une guillotine. Le regard hystérique de Lamia. Le sang sur son visage. Une goutte qui tombait. Dans un sursaut, il eut tout juste le temps de pencher la tête. L’étai frôla son visage, le manquant de peu, et l’atteignit sur la clavicule. Il y eut un bruit violent de fracture, et la douleur fut instantanée. Insoutenable.

Lamia, toujours debout au-dessus de lui, releva à nouveau l’étai, mais à la verticale cette fois, comme une lance de pêcheur, et elle frappa de toutes ses forces. Ari, comme réveillé par la douleur vive à son épaule, pivota et évita le coup fatal. Dans son élan, du bout des pieds, il crocheta les jambes de son adversaire et la fit tomber en arrière. Puis il ramassa une pierre dans la terre et rampa jusqu’à elle en poussant des hurlements de souffrance et de hargne.

Lamia tenta de se relever, mais Ari l’attrapa par la manche et l’attira à nouveau vers le sol. Il se hissa jusqu’à elle et, son épaule droite paralysée, leva la pierre au-dessus de lui de la main gauche. Mais la femme bloqua son bras. Ari se redressa face à elle et lui envoya un coup de tête en plein nez. Il entendit le cartilage se briser sous le choc. Le sang se mit à couler sur le visage tuméfié de Lamia. Elle poussa un cri aigu et frappa Ari. Celui-ci recula et réussit à se dégager. Accroupi à côté de son adversaire, il abattit d’un coup la pierre sur son front.

Le choc fut d’une violence inouïe. Ari y avait mis toute sa force, toute sa rage. Comme s’il avait voulu que cela fût le dernier coup du dernier combat. Le sang gicla loin du point d’impact et les os se brisèrent comme une coquille d’œuf. Mais Ari, emporté par une frénésie insensée, une inextinguible soif de vengeance, leva la pierre à nouveau et frappa une deuxième fois, plus fort encore. Le crâne déjà défoncé de Lamia sembla s’écraser complètement, dans une gerbe de liquide poisseux.

Le corps de la meurtrière eut un dernier soubresaut avant de se relâcher, sans vie.

Ari, à bout de forces, lâcha la pierre, s’écroula sur le côté et roula sur le dos, les bras en croix.

Il resta de longues secondes ainsi, immobile, les yeux rivés au plafond, la main crispée comme s’il tenait encore son arme, étendu, livide, à côté du cadavre méconnaissable de Lamia.

Puis il fut secoué d’un rire nerveux, incontrôlable, entrecoupé de larmes. Il se sentit gagner par une nausée soudaine. Les sentiments se mélangeaient confusément dans son esprit. L’épuisement, la douleur, le soulagement aussi, et l’amertume d’une vengeance qui, bien qu’accomplie, ne ramènerait pas à la vie Paul Cazo, l’ami qu’il avait perdu.

Par-dessus tout, il ne pouvait s’empêcher de sentir une immense frustration : il avait vaincu cette femme, cette folle meurtrière, certes, mais Lola, elle, n’était toujours pas là. Et quelle que fût la difficulté de ce dernier combat, il n’était pas suffisant.

Les rires et les sanglots s’étouffèrent peu à peu dans sa gorge. Puis soudain, des bruits de pas le sortirent de sa torpeur.

Ari se redressa péniblement et, s’agrippant à un étai, il tenta de se relever. Son épaule le lançait atrocement. Titubant, il se tourna vers la porte et vit apparaître Krysztov dans la lumière blafarde.

— Ari ! s’exclama le garde du corps en se précipitant vers lui.

L’analyste s’appuya sur le bras que le Polonais lui tendait.

— Je… Je suis désolé, bredouilla Zalewski. J’ai fait aussi vite que je pouvais.

— Ça va, Krysztov, ça va. Cette salope n’emmerdera plus jamais personne.

Le garde du corps aida Ari à s’asseoir sur le grand socle de pierre au centre de la salle.

— Je crois qu’elle m’a déboîté l’épaule.

Mackenzie se massa la clavicule.

— Vous avez eu le procureur ?

— Oui, c’est bon, Ari. Il fait sacrément la gueule, mais il va essayer d’arranger le coup avec les flics d’ici et avec Interpol. Vous risquez d’avoir un blâme, je ne vous le cache pas. Mais la vraie mauvaise nouvelle, c’est que le vieux est mort.

— Colomben ?

— Oui.

Ari serra les dents. Aucun des six compagnons n’avait donc survécu. La loge Villard de Honnecourt n’existait plus. Il se sentit envahi par un profond sentiment d’échec et de gâchis.

— Krysztov, vous voulez bien la fouiller ? dit-il en pointant du menton vers le cadavre de Lamia. Et, par pitié, dites-moi qu’elle a les carrés sur elle.

Le garde du corps s’exécuta. Il se redressa et partit fouiller le cadavre défiguré de Lamia. Le visage de la jeune femme n’avait plus rien d’humain. Écrasé, tuméfié, il était couvert de sang et de bouts de chair.

Krysztov écarta doucement le long manteau et fouilla les poches. Rien. Il retourna le corps, alourdi par la mort, et passa sa main dans son dos. Il sentit alors, sous le pull de la jeune femme, une sorte de plaque rigide. Il souleva le tissu et sortit le boîtier métallique plat. Il se redressa et le tendit à Mackenzie en souriant.

— C’est ça que vous cherchez ?

Le visage d’Ari s’illumina.

— Il y a des chances.

Assis sur le muret de pierre, l’analyste ouvrit lentement la boîte de métal, les mains tremblantes d’excitation.

De vieilles feuilles de parchemin apparurent à la lumière blanche des catacombes. Mackenzie avait reconnu la couleur du papier, la calligraphie picarde et le trait des dessins… Aucun doute : c’étaient bien les pages manquantes du carnet de Villard de Honnecourt. Les originales ! Ce trésor que la loge compagnonnique avait précieusement gardé à l’abri des regards depuis le XVe siècle. De vieilles et mystérieuses pages, venues d’un autre temps, et qui recelaient peut-être un secret qu’Ari ne comprenait pas encore.

Précautionneusement, il souleva les carrés un à un et les compta. Le deuxième était celui de Paul Cazo et le dernier celui de Mona Safran. Il n’y en avait que cinq.

— Elle n’avait donc pas récupéré celui de Colomben, murmura Ari entre ses dents.

— Vous pensez qu’il est resté à l’appartement ?

— Non. Il est quelque part ici, Krysztov. Dans cette pièce. J’en suis convaincu. C’est pour cela que le vieux nous a envoyés ici, et c’est ce qu’elle était en train de chercher quand je suis arrivé.

— Dans cette pièce ? Eh bien, ça va être coton pour le retrouver…

Ari referma le boîtier métallique et regarda tout autour d’eux.

— Il nous a donné un indice, Krysztov. Souvenez-vous. Providence, catacombes, et 13. Le chiffre 13 doit bien avoir un rapport avec tout ça.

— On reviendra plus tard avec du matériel, Ari. Là, il faut que vous alliez vous faire soigner.

— Pas question. Je ne bouge pas d’ici tant qu’on n’a pas trouvé le sixième carré.

Le garde du corps secoua la tête.

— OK. Je vais jeter un coup d’œil, voir si je repère un chiffre quelque part. Reposez-vous, Ari.

Zalewski commença alors à arpenter la pièce en traînant les pieds. De temps en temps, il s’arrêtait et se baissait pour regarder par terre, soulever une pierre… Mais plus il avançait, plus il semblait sceptique.

Ari, quant à lui, inspecta les environs sans quitter sa position. Son épaule le faisait atrocement souffrir et, chaque fois qu’il tentait de se lever, il était pris de vertiges.

Après de longues minutes de recherches, Krysztov revint vers le centre de la pièce en levant les bras dans un signe d’impuissance.

— Je ne vois pas où chercher, Ari, je suis désolé.

— Il y a sûrement quelque part une référence au chiffre 13. Vous avez regardé sur les tuyaux de plomberie ? Les gaines électriques ?

— Oui, j’ai cherché vraiment partout. C’est peut-être dans une autre pièce. À treize pas d’ici, par exemple, ou quelque chose comme ça. Ou alors il faut creuser à treize mètres de profondeur, mais où ?

Ari ne parut pas convaincu. Il finit par se relever, pensif. Krysztov lui tendit le bras pour l’aider à rester debout.

— Je suis sûr que c’est plus simple que ça, dit-il.

Comme toujours, il essaya de s’en tenir à ses principes d’investigation. Exclure la multiplication des raisons et des démonstrations. Passer la lame du rasoir d’Ockham sur tout ce qui était superflu.

— La solution est sûrement très simple, bredouilla-t-il en se frottant la joue.

Il marcha autour de la grande dalle en s’appuyant sur l’épaule de Zalewski.

— Je voudrais inspecter le plafond, murmura Ari. On oublie souvent de regarder en haut… de prendre de la hauteur, quand on cherche un problème… Aidez-moi à grimper.

Krysztov monta le premier sur l’estrade de pierre et lui tendit les mains pour le hisser à ses côtés. Ari y parvint et se plaça au beau milieu de la dalle. Il scruta alors longuement la voûte des catacombes, à la recherche du moindre indice. Mais rapidement il convint que le vieil homme ne pouvait pas avoir caché son carré là-haut. C’était ridicule.

Intuitivement, il baissa les yeux et son regard se posa sur le sol. Un sourire traversa son visage.

Il balaya du pied la poussière et la terre accumulées à la surface des pierres.

— Krysztov ?

— Quoi ?

— Regardez par terre.

Le garde du corps baissa la tête à son tour.

— À votre avis, il y a combien de pavés sur cette dalle ?

La tribune surélevée était construite de larges blocs de pierre carrés, tous de taille identique. Cela formait comme une immense grille. Krysztov compta le nombre de lignes et de colonnes.

— Eh bien, cinq fois cinq, ça fait vingt-cinq.

— Oui. Et si on numérotait toutes les dalles de 1 à 25 ? Celle du milieu, sur laquelle nous sommes justement debout, ce serait…

— La treizième ?

Ari acquiesça en souriant.

Il se mit aussitôt à genoux et constata qu’il ne s’était pas trompé : les joints de la pierre du milieu étaient moins réguliers que ceux de tous les autres pavés. Ce n’était pas du ciment, mais de la simple terre compressée.

Du bout des doigts il essaya de soulever le bloc, mais il ne pouvait se servir de son bras gauche tant son épaule lui faisait mal.

Ari prit une clef dans sa poche et commença à gratter les joints pour desceller un peu la pierre. Krysztov s’accroupit à côté de lui et lui prêta main-forte. Après plusieurs tentatives, ils parvinrent enfin, à l’aide d’une barre de fer, à la soulever.

Ari haussa les sourcils. Le vieil architecte ne manquait pas de ressources ! Comment avait-il réussi, à lui tout seul, à déplacer un tel poids ? Ari se plut à penser qu’il avait sans doute utilisé quelque mystérieuse technique ancienne, digne de celles énoncées par Villard dans son carnet.

Quoi qu’il en fût, il n’y avait à présent plus de doute : un sac en toile apparut au milieu de la terre.

Ari se pencha au-dessus du trou et attrapa le sac. Il l’épousseta et l’ouvrit rapidement. Le visage lumineux, il en sortit un boîtier en métal, similaire à celui de la meurtrière. Sous le regard enthousiaste du garde du corps, Ari souleva précautionneusement le couvercle et découvrit le sixième carré.

Il répondait exactement à la structure des cinq autres. L’abréviation « L :. VdH :. » inscrite en haut, un titre énigmatique, un dessin – qui ressemblait à une enluminure arabe – et deux textes en vieux picard.

Il prit le sixième carré et le glissa avec les cinq autres dans la première boîte.

 

Le rasoir d'Ockham
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